Andry Rajoelina à la présidence signifie paix fragile et non durable

Publié le par sammy rasolo

                 Impasse. Madagascar est vraiment dedans. Et quand on est dans une voie sans issue, la solution est de faire demi-tour jusqu'à ce que l'on retrouve un carrefour où, de nouveau, on pourra choisir une autre voie où s'engager. Mais cette fois-ci, il faudra faire attention à ne pas s'engager dans une nouvelle impasse.
                 Maputo est un échec. Il faut se rendre à l'évidence. Bien sûr, les mouvances ont réussi à s'entendre sur la structure de la transition mais ce consensus a volé en éclats au moment de la répartition des sièges. Or Maputo I sans Maputo II n'est pas viable. Essayer de refaire Maputo II sera une autre impasse puisque Andry Rajoelina ne veut pas lâcher la présidence de la transition.  Et l'auteur de cet article ne voit pas pourquoi tous doivent se plier à ses quatre  volontés. Selon un éditorialiste, il faut la lui laisser puisqu'il a un ego surdimensionné. Ce n'est pas une raison suffisante. Ce n'est même pas une raison en vérité. On ne doit pas attribuer à Andry Rajoelina la présidence seulement pour qu'on ait la paix. On devrait  la lui attribuer s'il était capable de réunir toute la classe politique autour d'un consensus. Et ce consensus n'est rien d'autre que la garantie que les élections qui se tiendront dans le cadre de la Transition  se dérouleront selon les normes d'impartialité acceptées par tous tant au niveau de l'organisation qu'au niveau de l'arbitrage. La finalité de la Transition n'est autre, faut-il le rappeler, que l'organisation d'élections. Or, jusqu'ici, Andry Rajoelina s'est seulement imposé par la violence. Si on lui laisse la présidence seulement pour avoir la paix parce qu'il a un ego surdimensionné, cette paix sera fragile et ne durera pas. Tout simplement parce qu'il n'y a aucune certitude quant à l'impartialité de l'administration publique et surtout quant à l'impartialité de l'Armée. N'oublions pas que le FIS, en Algerie, allait gagner les élections législatives mais les militaires lui ont spolié la victoire. Tant mieux, dans un sens pour l'Algerie puisqu'elle a échappé à un régime islamiste anachronique. Mais par contre, en ce qui concerne Madagascar, l'Armée, dans sa configuration actuelle ne peut pas être garante de la neutralité.  Elle est contrôlée et commandée par des chefs militaires putschistes qui ne cachent pas leur penchant pour Andry Rajoelina. Laisser la présidence à Andry Rajoelina avec "son" armée, c'est le laisser gérer le pays sans aucun contrôle et sans aucune limite autres que ceux qu'il veut bien admettre. Et déjà avant Maputo II, il avait déclaré qu'aucune nomination ne se ferait sans son assentiment. Et actuellement, seulement pour rester indûment à la tête de l'Etat, il est prêt à engager le pays dans un isolement international qui sera économiquement intenable pour la population. 
                   Si Andry Rajoelina doit être Président et bien, qu'il ne soit pas seul dans cette fonction. Il faut une présidence collégiale. C'est le minimum intellectuellement acceptable.  Sinon, on peut reste au statu quo et s'avancer vite vers une élection. Maintenant, même le KMF-CNOE est pour une élection comme résolution de la crise. Avant, elle était pour le schema classique d'une transition à la malgache: gouvernement d'union nationale, conférence nationale, reférendum constitutionnel, élections présidentielle et législative. Ce schema ne répond plus à la situation présente. Il faut une élection pour que la situation ne dégénère pas en...guerre civile.  
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