Elections rapides: de vraies fausses bonnes idées
La COI après l'OIF ? La COI est pour des élections rapides pour résoudre la crise malgache. Elle prefère toutefois rester dans une ambiguïté: elle ne précise pas si elle est prête à soutenir des élections organisées unilatéralement par le pouvoir putschiste. Mais elle n'en est pas loin apparemment. Alain Joyandet n'a pas réussi à lui faire franchir le pas décisif. En tout cas, on observe une offensive du côté de la Francafrique. La France est isolée, sur le plan international, dans sa position sur la crise malgache. Elle tente de briser cet isolement. Sans oser déclarer de manière formelle qu'elle soutient Andry Rajoelina, elle ne cesse de le démontrer par ses actes. Tout le monde sait que c'est la France qui est intervenue auprès du Président Wade pour qu'il reçoive Andry Rajoelina. Elle était également derrière les rencontres Tgv-Kadhafi. Malgré tout, l'Union Africaine, et le SADC avant elle, ne s'est pas laissée berner. Pour autant, elle ne desespère pas de rallier tout de même du monde à sa cause. Convaincre l'OIF n'a pas été bien difficile puisque cette organisation s'aligne systématiquement sur la position de la France sur toutes les questions africaines. Et généralement, c'est cette organisation qui cautionne les élections contestées en Afrique par l'envoi d'observateurs. Mais la France n'entend pas rester là. Elle a presque réussi à faire basculer la COI. Et elle continue à "vendre" des idées qui n'apporteront aucunement la paix à Madagascar par l'intermédiaire d'un prétendu expert. Des élections organisées de manière unilatérale par le pouvoir hat n'auront aucune credibilité. Que l'idée soit soutenue par un éminent professeur n'y change rien. Suite à la décision de Andry Rajoelina de ne pas participer à l'élection présidentielle, la France pense que cette voie est de nouveau "soutenable".
POUVOIR CONSENSUEL ET NEUTRE
Il n'y a que deux alternatives possibles pour des élections crédibles à Madagascar: soit elles sont organisées par un pouvoir consensuel et inclusif, soit elles sont organisées par un pouvoir neutre. "Neutre parce que fort et fort parce que neutre", affirme un ancien grand universitaire qui a réquis l'anonymat. Essayer d'imposer par la force des élections basculera le pays encore plus dans la violence. Croire que l'armée s'est ressoudée derrière les putschistes simplement parce que les hommes du FIGN ont été écrasés dans leur tentative de rebellion est une erreur. Le feu mal éteint se rallume assez vite. Un embrasement général n'est pas impossible. Ceux qui s'entêtent à diriger le pays sans aucune autre légitimité que leurs armes en seront responsables. Tout ce qui se passe à Madagascar n'est que manipulation à l'heure actuelle. A commencer par le comité consultatif constitutionnel chargé de recueillir les propositions. Il est difficile de concilier des positions extrêmes alors quelle légitimité permettra au comité de retenir, entre autres exemples, la formule bicephale plutôt que monocephale pour l'exécutif. Quelle légitimité lui permettra de choisir la forme unitaire plutôt que fédérale ? Quelle légitimité lui permettra d'imposer le régime parlémentaire plutôt que le régime présidentiel ? Aucune. Essayer de concevoir une synthèse entre toutes les extrêmités est un exercice difficile qui ne mène pas nécessairement à un bon texte. Et tout ceci amène à penser que l'on est peut être devant une grande farce. Et si un cabinet, quelque part, a déjà un projet de texte tout prêt qui sera présenté comme la synthèse de toutes les propositions ? C'est une suspicion mais combien justifiée. Alors, il est temps que les uns et les autres agissent avec bonne foi et dans le seul intérêt de la nation. D'où, pour éviter les suspicions et pour que toutes les parties au conflit puissent prouver cette bonne foi nécessaire pour qu'il y ait vraiment la paix et la serenité, il faut un pouvoir consensuel. Consensuel et inclusif si possible sinon tout au moins seulement consensuel et neutre. Ce pouvoir ne peut pas être l'actuel. Le seul moyen de contourner les Accords de Maputo et l'acte additionnel d'Addis Abeba est cette formule "consensuelle et neutre". Il faudra confier la transition, la vraie, à une personnalité capable de convaincre la communauté internationale par son parcours et ses connaissances. Et l'auteur de cet article pense encore, malgré l'hostilité de certains (l'unanimité est difficile à obtenir), à Raymond Ranjeva.
En tout cas, la CENI n'est pas une garantie suffisante pour des élections transparentes et libres. L'exemple burundais vient de le prouver.